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Page:Robert Brasillach - Le Procès de Jeanne d'Arc (1941).djvu/60

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Orléans, aviez-vous étendard ou bannière ? de quelle couleur ?

Jeanne. — J’avais étendard au champ semé de lis ; et y était le monde figuré, et deux anges à ses côtés. Il était de couleur blanche, de toile blanche ou boucassin. Il y avait écrit dessus les noms Jhesus Maria, comme il me semble. Et il était frangé de soie.

Jean Beaupère. — Les noms Jhesus Maria étaient-ils écrits en haut, en bas ou sur le côté ?

Jeanne. — Sur le côté, comme il me semble.

Jean Beaupère. — Aimiez-vous mieux votre étendard ou votre épée ?

Jeanne. — J’aimais beaucoup plus, voire quarante fois, mon étendard que mon épée.

Jean Beaupère. — Qui vous fit faire cette peinture sur l’étendard ?

Jeanne. — Je vous l’ai assez dit, que je n’ai rien fait fors du commandement de Dieu.

Jean Beaupère. — Qui portait votre étendard ?

Jeanne. — Je portais moi-même l’étendard, quand on chargeait les ennemis, pour éviter de tuer personne. Je n’ai jamais tué personne.

Jean Beaupère. — Quelle compagnie vous donna votre Roi quand il vous mit à l’œuvre ?

Jeanne. — Il me bailla dix ou douze mille hommes, et d’abord j’allai à Orléans, à la bastille de Saint-Loup, puis à la bastille du Pont.

Jean Beaupère. — Près de quelle bastille avez-vous fait retirer vos hommes ?

Jeanne. — Je ne m’en souviens pas. J’étais bien sûre de lever le siège d’Orléans, par révélation à moi faite. Ainsi l’avais-je dit au Roi avant que d’y venir.

Jean Beaupère. — Quand on dut faire l’assaut, n’avez-vous pas dit à vos gens que vous recevriez vous-même sagettes, viretons, pierres lancées par les machines ou canons ?

Jeanne. — Non. Même il y eut cent blessés et plus. Mais je dis bien à mes gens qu’ils n’eussent pas de doute et qu’ils lèveraient le siège. À l’assaut de la bastille du Pont, je fus blessée d’une sagette ou vireton au cou. Mais j’eus grand