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Page:Robert Brasillach - Le Procès de Jeanne d'Arc (1941).djvu/62

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Jeanne. — Je suis prête à jurer de dire vérité sur tout ce que je saurai touchant le procès, comme je l’ai déjà dit. Je sais bien des choses qui ne touchent pas le procès, et il n’est pas besoin de les dire. De tout ce que je saurai vraiment touchant le procès, volontiers je parlerai.

L’Évêque. — À nouveau nous vous sommons et requérons de faire et de prêter serment de dire vérité sur ce qu’on vous demandera, simplement et absolument.

Jeanne. — Ce que je saurai répondre de vrai qui touche le procès, volontiers je le dirai. Je le jure sur les saints Évangiles. (Elle jure.) De ce que je saurai qui touche le procès, volontiers je dirai la vérité, et je vous en dirai autant que je dirais si j’étais devant le Pape de Rome.

L’Évêque. — Que dites-vous de Notre Sire le Pape ? Lequel croyez-vous qui soit le vrai Pape ?

Jeanne. — Est-ce qu’il y en a deux ?

L’Évêque. — N’avez-vous pas reçu une lettre du comte d’Armagnac pour savoir auquel des trois Souverains pontifes il fallait obéir ?

Jeanne. — Ledit comte m’écrivit certaine lettre sur ce fait, à laquelle je donnai réponse, entre autres choses, que je lui donnerais réponse quand je serais à Paris, ou ailleurs au repos. J’allais monter à cheval quand je fis cette réponse.

L’Évêque. — Qu’on lise la copie des lettres dudit comte et de ladite Jeanne.


Lettre du Comte d’Armagnac


« Ma très chère Dame, je me recommande humblement à vous, et vous supplie pour Dieu, que, attendu la division qui à présent est en la sainte Église universelle, sur le fait des papes (car il y a trois prétendants à la papauté : l’un demeure à Rome, qui se fait appeler Martin quint, auquel tous les rois chrétiens obéissent ; l’autre demeure à Paniscole, au royaume de Valence, lequel se fait appeler pape Clément huitième ; le