Page:Robert Brasillach - Le Procès de Jeanne d'Arc (1941).djvu/78

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L’Évêque. — Quelle révérence vous firent ceux de Troyes à l’entrée ?

Jeanne. — Ils ne m’en firent point. À mon avis, frère Richard entra avec eux à Troyes, Mais je ne suis point souvenante si je le vis à l’entrée.

L’Évêque. — Ne fit-il point de sermon à l’entrée, lors de votre venue ?

Jeanne. — Je ne m’y arrêtai guère, et n’y couchai oncques. Quant au sermon, je n’en sais rien.

L’Évêque. — Fûtes-vous beaucoup de jours à Reims ?

Jeanne. — Je crois que nous y fûmes quatre ou cinq jours.

L’Évêque. — N’avez-vous point levé d’enfant aux fonts baptismaux ?

Jeanne. — À Troyes j’en levai un. Mais de Reims je n’en ai point de mémoire, ni de Château-Thierry. J’en levai deux aussi à Saint-Denis. Et volontiers mettais nom aux fils Charles, pour l’honneur de mon Roi, et aux filles Jeanne. Et aucunes fois, selon ce que les mères voulaient.

L’Évêque. — Les bonnes femmes de la ville touchaient-elles leurs anneaux à l’anneau que vous portiez ?

Jeanne. — Maintes femmes ont touché à mes mains et à mes anneaux, mais je ne sais point leur cœur et intention.

L’Évêque. — Quels furent ceux de votre compagnie qui prirent papillons en votre étendard devant Château-Thierry ?

Jeanne. — Ce ne fut oncques fait ou dit dans notre parti. Mais ceux du parti de deçà l’ont fait, et ils l’ont inventé.

L’Évêque. — Que fîtes-vous à Reims des gants avec lesquels votre Roi fut sacré ?

Jeanne. — Il y eut une livrée de gants pour bailler aux chevaliers et nobles qui là étaient. Et il y en eut un qui perdit ses gants. Mais je ne dis point que je les ferais retrouver.