Page:Robert de Paradès - Mémoires secrets.djvu/20

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Il est à propos que je rapporte ici ce qui m’arriva dans ce troisième voyage à Plimouth. Nous entrâmes à minuit ; & quoique depuis plusieurs jours je n’eusse pris aucun repos, je ne voulus pas me coucher, mon dessein étant de reconnoître aux premiers instants du jour la citadelle, que je n’avois vue qu’imparfaitement dans mes premiers voyages.

Je pris pour me conduire un ouvrier que je rencontrai dans le Port, & j’y arrivai un quart d’heure après l’ouverture des portes. Le deux premières sentinelles me laissèrent librement passer ; lorsque je fus à la place, je tournai à gauche pour gagner la rampe qui conduit sur les remparts. Je parcourus d’abord toutes les parties des fortifications qui dominent la campagne ; après quoi j’allai me placer à l’angle saillant du bastion droit de la rade, où je crayonnai ce qui m’étoit nécessaire. Au bout d’une heure je voulus changer de place, & gagner le bastion gauche ; mais en passant le long de la courtine, (il est essentiel d’observer qu’il n’y avoit pas de sentinelle sur le rempart, dans tout le pourtour de la Place) je fus remarqué par une sentinelle qui étoit en faction devant le corps-de-garde de la Place ; cette sentinelle, étonnée de voir si matin sur ce rempart deux étrangers quelle n’avoir pas vu