Page:Robert de Paradès - Mémoires secrets.djvu/31

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expédia des ordres à l’Amiral Keppel de sortir de Portsmouth avec tous les vaisseaux, qui s’y trouvoient au nombre de vingt, d’aller à la rencontre de l’armée françoise, de l’observer, ou de s’en faire observer, sans engager de combat, & de favoriser, par ses manœuvres, la sortie de Biron, de ne perdre de vue l’armée françoise qu’après avoir été averti qu’il auroit gagné la haute mer, & de rentrer ensuite à Portsmouth pour y continuer son armement.

Je joignis à ces avis tous ceux propres à en confirmer la vérité, c’est-à dire, que l’Amiral Biron avoit pour sept mois de vivres, des mâtures, & des agrêts de recharge en quantité, & ses équipages complets ; que l’Amiral Keppel, au contraire, sortiroit avec vingt vaisseaux, dont le plus complet n’auroit pas six cents hommes, & pour vingt jours de vivres, la plupart devant même sortir sans cette quantité.

Je pouvois parler avec assurance de ces deux escadres ; j’avois l’état de tout ce qui avoit été embarqué à bord de chaque bâtiment.

Tous ces avis furent encore répétés au Ministre de France vingt jours avant la sortie des deux divisions angloises ; je profitai du moment qu’elles mirent à la voile, pour faire un voyage à Versailles.