haute marée qu’avec de petits bâtimens. En basse marée, tout le rivage est à sec à une distance assez considérable de la ville. Il n’y avoit pas de garnison ; j’y mouillai pendant deux jours.
J’avois souvent passé devant la forteresse appelée Harre-Castel, bâtie sur un rocher dans la mer, & garnie d’une artillerie redoutable, qui défend l’entrée des Aiguilles ; il ne m’avoit pas encore été possible de m’y procurer des intelligences. Comme il y avoit alors des troupes angloises, quoiqu’en petit nombre, je jugeai qu’il seroit dangereux de faire des tentatives semblables à celles que j’avois faites à Plimouth. Je changeai de méthode, je pris le parti de tromper & mon équipage & la garnison, en les faisant servir les uns & les autres à la réussite d’un projet que je formai. Voici comment.
Je dis à mon Capitaine, qu’étant satisfait de ses services, je voulois le mettre à portée de gagner beaucoup d’argent, ainsi que l’équipage ; que pour cela il falloit avoir un lieu sur la côte, & des gens assurés pour nous prêter la main. J’ajoutai que le château de Harre-Castel paroissoit propre à féconder mes desseins, qu’il falloit y aller ensemble avec la chaloupe, afin de connoître s’il y avoit moyen de faire quelques