Page:Robert de Paradès - Mémoires secrets.djvu/52

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

embarqué moi-même, plus de 300 matelots ou Officiers françois qui s’étoient échappés de leurs prisons, soulageant leur nécessité, & donnant à chacun l’argent dont il pouvoit avoir besoin, sans en avoir jamais rien répété au Gouvernement, ni à personne.

Une flotte de 300 voiles s’étant réunie à la rade des Dunes, j’en fis passer l’avis au Ministre, ainsi que celui de sa destination, & de la route qu’elle devoit tenir avec le nombre de vaisseaux d’escorte.

Je l’informai en même temps, que s’il le jugeoit à propos, je partirois deux jours avant la flotte, pour donner avis à Brest de son passage, dans le cas où il voudroit y faire tenir prête une division pour l’intercepter : ce qu’il agréa.

Lorsque nous eûmes dépassé Portland, nous fûmes accueillis d’un coup de vent si terrible, qu’il força le Russel, de 74, de dériver sur le London, vaisseau de 50, qui fut coupé par le milieu, & coula bas avec tout son monde, (on sauva environ 45 matelots) ; deux frégates furent démâtées, ainsi qu’un autre vaisseau ; ils furent obligés de rentrer à Portsmouth ; j’eus mon grand mât cassé, mes voiles emportées, & je fus jeté au large. Le 31, m’étant rapproché de la terre