Page:Robert de Paradès - Mémoires secrets.djvu/64

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& le Destin, qui devoient se joindre à l’escadre de Brest, calculèrent si juste, pour le temps du départ du Westmoreland, qu’il sortit de Mahon presqu’en même temps que les deux vaisseaux françois de Toulon, & il manœuvra si bien qu’il fut pris avant d’arriver au détroit.

Cependant, peu de jours après que la police d’assurance eût été faite à Londres, un des associés de la compagnie fut informé de la véritable valeur du Westmoreland, dont le chargement ne montoit qu’à 1,100,000 livres, ce qui, joint au corps de vaisseau, pouvoir aller environ à 1,200,000 livres ; il fut également informé du projet de le faire prendre, & des ordres envoyés à Minorque à ce sujet ; mais le mal étoit sans remède pour la Compagnie, si le Westmoreland étoit pris, car alors les preuves de la fripponnerie disparoissoient, & le recours contre les Armateurs infidèles n’étoit plus praticable.

J’avois fait d’assez grandes affaires avec cette Compagnie pour en être connu. Elle s’adressa à moi pour se tirer d’embarras, & m’offrit, dans le cas où le Westmoreland seroit pris, de me payer 2,800,000 liv. tournois si je voulois m’engager à le livrer en Angleterre avec ses équipages, sans y rien toucher : la politique de cette