Page:Robertson - Dictionnaire idéologique.djvu/20

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introduction.

s’applique à la force musculaire de l’athlète, aussi bien qu’à la faiblesse irritable de la femmelette. L’Index alphabétique, placé à la fin de ce volume, fera voir à quelle multiplicité d’usages l’élasticité de la langue a étendu le sens des mots. Il a donc fallu que les mots qui ont plusieurs acceptions fussent classés dans chacune des catégories correspondant à ces acceptions diverses. Une autre circonstance a rendu plus impérieuse encore la nécessité de ces répétitions : c’est que certaines idées, comprises dans une classe, représentent souvent les mêmes rapports que des idées appartenant à une autre classe. Ainsi les rapports d’ordre et de quantité existent parmi les idées de Temps aussi bien que parmi les idées d’Espace. La cause et l’effet sont souvent désignés par le même mot. Le mot Son, par exemple, dénote à la fois l’impression faite sur l’oreille par les vibrations sonores, et les vibrations elles-mêmes, qui sont la cause ou la source de cette impression. Le goût exprime à la fois la sensation perçue et la qualité du corps sapide qui fait naître cette sensation. La Pensée est un acte de l’entendement ; mais le même mot dénote aussi l’idée qui résulte de cet acte. Le Jugement est l’acte de décider, et c’est aussi la décision prise. Un Achat est l’acquisition d’une chose qu’on paye, aussi bien que la chose ainsi acquise ; et il en est ainsi d’un nombre infini de mots. L’esprit est essentiellement distinct de la matière ; et pourtant, dans toutes les langues, on transporte métaphoriquement les attributs de l’un à ceux de l’autre. La matière, sous toutes ses formes, est douée, par le langage figuré, des fonctions qui appartiennent à l’intellect ; et nous parlons continuellement de ses phénomènes et de ses propriétés, comme résultant de l’influence volontaire d’un corps sur un autre, agissant et réagissant, excitant et étant excité, dominant et étant dominé, comme s’il était mû par une force spontanée et guidé par une intention spéciale. D’un autre côté, des expressions, dont la signification primitive se rapporte exclusivement aux propriétés de la matière, sont métaphoriquement appliquées aux phénomènes de la pensée et de la volonté, et même aux sentiments et aux passions de l’âme ; de sorte qu’en parlant d’un rayon d’espérance, de l’ombre d’un doute, d’un éclair de gaieté, de la pesanteur ou de la légèreté de l’esprit, de la chaleur du sentiment, ou des bouillons de la colère, c’est à peine si nous nous doutons que nous employons des métaphores qui ont cette origine matérielle.

Comme règle générale, nous avons cru devoir placer les mots et les phrases qui se rapportent à plusieurs ordres d’idées, d’abord sous le numéro d’ordre auquel ils appartiennent le plus particulièrement, et ensuite sous les autres numéros auxquels ils peuvent se rattacher, toutes les fois qu’il nous a paru que cette répétition serait commode pour le