Page:Robida - Le Tresor de Carcassonne, 1934.djvu/102

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flacons d’Alaric, ceux de derrière les fagots… Tu as bu le vin de la Tête-Noire

— Ne parlons pas de ça, dit vivement Antoine, je ne l’ai pas fait exprès, c’est une petite erreur… Voyons, je ne pouvais pas le reporter, il fallait le faire disparaître pour apaiser ma conscience… Ce qui me console c’est qu’il était très bon, parce que, vois-tu, il aurait pu être mauvais et le péché eût été le même… Et tu y as goûté aussi…

— Il fallait bien, pour effacer plus vite ce mauvais souvenir… Soit, n’en parlons plus, mais occupe-toi des haricots verts.

Le pauvre Cassagnol maugréait, mais Colombe avait raison, pour l’instant le jardinage pressait. Les carrés de légumes donnaient de magnifiques espoirs dans les deux terrains, l’ancien jardin et celui de la tante. Si tout cela venait si bien c’était par le travail de Colombe. Pendant qu’il passait son temps à forer ses galeries, à ramper sous terre à la découverte de l’introuvable trésor, Colombe soignait le jardin avec l’aide des aînés, ou bien elle les emmenait tous avec elle et avec Belleàvoir, à l’ancien terrain encore agrandi d’une parcelle adjacente.

— Tu te ruineras la santé, mon pauvre Antoine, à vivre toujours dans tes trous, tu es tout jaune, disait-elle, tandis que nous tous, regarde voir un peu notre belle mine !

Mélancoliquement Cassagnol passait d’un jardin à l’autre avec la famille, mais on le voyait souvent s’arrêter de bêcher au milieu d’un carré, ou bien poser l’arrosoir à terre quand il arrosait, pour tracer sur le sol des lignes autour d’un point central représentant évidemment le Grand-Puits.

Colombe haussait les épaules avec commisération.

— Oh ! cet Antoine donc ! c’est toujours sa manie qui le