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Lices pour rejoindre le gros de la troupe, sur lequel tiraillent les arquebusiers de la tour de Vade.

Il est resté quelques soldats ennemis dans les Lices. Ils ne sont ni tués, ni même blessés, bien qu’ils se roulent et se débattent sur le sol. Ce sont les victimes de Cassagnol, ceux que les abeilles ont vaincus. Ils ne songèrent aucunement à résister quand approchèrent les hommes de la Narbonnaise avec des torches.

Cassagnol aussi se frottait à s’écorcher, et se serait volontiers roulé sur les pierrailles. Il avait déjà d’énormes boursouflures à la face, et soufflait sur ses mains enflées et brûlantes.

— N’approchez pas trop près, dit-il aux Carcassonnais, ou gare les piqûres… Laissez les abeilles s’apaiser et rentrer dans leurs maisons…

Il s’était hâté de relever les ruches un peu démolies pour que les essaims pussent retourner à domicile.

— Là ! là ! attendez un instant, tout à l’heure il n’y aura plus de danger.

— Alors donc, c’est toi, Cassagnol, fit le sergent commençant à comprendre, c’est toi qui a jeté ces bestioles à la tête des Hidalgos ?

— Oui, sergent, ils étaient dans les Lices et ils escaladaient le deuxième rempart, j’ai eu l’idée des ruches pour essayer de les repousser ou de les retenir, et les mouches à miel vous ont donné le temps d’accourir… Mais ça pique terriblement, sergent !

Le sergent laissa les Espagnols se gratter et gémir et grimpa aux créneaux de la première enceinte. Cassagnol, malgré la cuisson, le suivit ; il y avait encore les échelles dont s’était servi l’ennemi, mais on ne voyait plus personne dans