Page:Robida - Le Tresor de Carcassonne, 1934.djvu/127

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Cassagnol voudrait se lever, il voudrait se mettre à faire le compte, pour connaître enfin l’importance exacte du trésor conquis par l’innocente Colombe sur les Wisigoths. Mais que de monde sur la place du Grand-Puits ! Cassagnol se trouble. Est-ce que l’on s’y aperçoit de quelque chose ? l’enlèvement du trésor aurait-il amené quelque perturbation dans le Grand-Puits ?

Non, ce qui cause l’émoi du quartier, ce sont les événements de la nuit. On connaît le rôle joué par l’héroïque troubadour dans l’alerte nocturne, on sait que c’est grâce à sa vigilance et à son courageux dévouement que l’attaque a été repoussée et que les assaillants déconfits ont dû sauter en bas des remparts pour décamper vitement, à travers bois et ravins du côté des Corbières.

Et le pauvre Cassagnol, grièvement navré, gémit sur un lit de douleur, on vient le féliciter s’il a encore la force d’entendre avant de trépasser.

Quelques notables se députent pour apporter au nom de tous, félicitations au glorieux blessé et consolations à sa digne et malheureuse épouse.

Ils entrent, précédés par Belleàvoir qui s’est empressée de profiter de l’ouverture de la porte. Cassagnol les reçoit, heureux des poignées de main, mais ennuyé d’être obligé de laisser ses comptes. Colombe a eu le temps de remettre le trésor dans l’antique marmite. Personne n’a rien vu, inutile de rien dire, il vaut mieux ne pas ébruiter la découverte extraordinaire.

— Ce Cassagnol, quel homme ! Carcassonne dormait, Carcassonne était perdue, mais il veillait ! Il a flairé la trahison, lui ! Et quelle vaillance pour repousser l’attaque à lui tout seul !…