Page:Robida - Le Tresor de Carcassonne, 1934.djvu/24

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comme tous les coins de la maison se trouvaient occupés et que l’on ne pouvait ajouter un appentis, ce qui eût diminué la surface consacrée aux légumes, Cassagnol avait superposé des caisses de planches et fabriqué des espèces d’armoires avec une tablette pour un enfant ou deux.

On n’était pas riche, les affaires allaient mal, Cassagnol avait beau se démener, ses divers métiers ne le faisaient point rouler sur l’or. Les choux et les salades mettaient une perverse obstination à pousser aussi lentement et aussi mal que possible, et les noces ne donnaient guère pour le moment. À Carcassonne comme aux champs, dans les villages d’alentour, on se mariait pourtant, il y avait des fêtes, des festins joyeux, mais depuis une ou deux saisons, on se passait de musique, on appelait bien rarement le troubadour Cassagnol avec sa flûte et ses cymbales, pour faire danser parents et amis.

Au logis des Cassagnol les enfants se bousculaient maintenant en se racontant les magnificences de la journée. Continuant à exhaler de tristes soupirs, Cassagnol se laissa tomber sur un banc.

— Eh bé ! fit Colombe, comme te voilà soucieux ?

— Il y a de quoi, dit Cassagnol, M. le Sénéchal est content de sa harangue, je pense, et M. le Consul aussi, mais ils ne m’ont pas encore payé… Ils ne sont pas pressés… il faut attendre…

— C’est ennuyeux, mais attendons demain et soupons toujours aujourd’hui !

— Soupons, soupons, c’est bientôt dit… mais avec quoi ? Colombe se précipita vers une sorte de huche dont le dessus servait de lit à l’aîné des garçons.

— Malheur de moi ! les beaux affiquets des dames et des