Page:Robida - Le Tresor de Carcassonne, 1934.djvu/64

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bon vieux Grand-Puits ! Par la tignasse de dame Carcas, vous me faites rire avec vos histoires de revenants !… Laissez-la dormir, cette brave dame Carcas, elle n’a rien à faire ici maintenant ! moi, je m’en vais arroser mes légumes…

Le lendemain au petit jour, Cassagnol descendit reprendre son travail de mine.

— C’est bien simple maintenant, dit-il à sa femme, je touche le puits, je n’ai plus qu’à tourner autour de la maçonnerie pour arriver au souterrain du trésor, mais il faut nous dépêcher, car le vilain individu d’en face, ce chafouin qui ne me dit rien qui vaille, n’est même pas venu écouter dans le puits avec les autres, il se contente de regarder et il rit dans sa barbe, en homme qui en sait plus long qu’il ne veut dire… Cornes de tarasque ! je suis certain qu’il cherche aussi, comme nous…

— Mais ce souterrain, à quelle hauteur se trouve-t-il ? objecta timidement Colombe.

— Nous verrons bien.

— Admettons que tu le trouves, mais si tu y arrives par en haut, tu crèves la voûte et tu tombes dans le vide… peut-être dans le Grand-Puits que l’on dit si profond…

— Oui, dit Cassagnol en riant, et je pourrais tomber pendant six mois sans toucher le fond… Mais ne te fais pas de tourment, je n’irai pas jusque-là, songe donc, je tomberai sur des tas d’or, sur toutes les économies de dame Carcas ou d’Alaric…

— Ou des fées !… Et s’ils sont là pour te recevoir, les Wisigoths, ou bien les fées, ou bien la vieille sarrasine Carcas ? Si le trésor est gardé par quelque horrible tarasque, par quelque effroyable monstre tout en cornes, en griffes et en dents