Page:Robida - Le Tresor de Carcassonne, 1934.djvu/66

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rustres qui ne vont guère en mesure… Tu tu tu… que fait-il, l’autre, le vilain chafouin ? Il cherche de son côté… Tu tu tu… Pourvu qu’il ne me vole pas mon trésor, ce trésor qui m’a déjà valu tourments et tracas sans nombre… Et j’en ai jusqu’à minuit au moins… Et demain matin, si je ne dors pas jusqu’à dix heures pour me rattraper, je serai tout mal en train… Tu tu tu… Allons, bon ! qu’est-ce qu’il y a ? Voici la danse qui s’arrête… Je pars sur un autre air, j’ai des distractions… où en étions-nous donc ?

— Eh, Cassagnol ! Aujourd’hui vous me semblez tout drôle, dit le père de la mariée.

— Mais non, mais non, ce n’est rien, c’est l’esprit qui m’a fourché en pensant à faire un gentil compliment à madame la mariée !

— Un bon coup de vin blanc, Cassagnol, pour vous tenir en haleine…

Tu tu tu… la flûte rattrapa l’air et la danse reprit, mais Cassagnol parvenait difficilement, malgré toute sa volonté, à chasser les craintes qui l’assaillaient. Il lui advint encore quelques distractions gênantes pour les danseurs, et même ce ne fut pas sans anicroches diverses qu’il parvint à repêcher dans sa mémoire embrouillée le compliment en vers qu’il avait coutume de dire aux noces, avec quelques variantes de circonstance, pour célébrer les grâces infinies de la mariée, la belle mine du marié, et tous les mérites des papas, des mamans, des oncles, des tantes, des cousins, des cousines et de toute l’assemblée.

Il était bien tard quand il put rentrer chez lui. La place du Grand-Puits parut bien sombre à Cassagnol. Les maisons