Page:Robida - Le Tresor de Carcassonne, 1934.djvu/92

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accumulées ne s’enlevaient pas comme cela, on pouvait bien dormir tranquille.

Cassagnol ne se tourmentait guère. Il avait d’ailleurs l’esprit totalement accaparé par la hantise du trésor qui ne voulait pas se laisser prendre. Il lui semblait jouer à cachecache avec Alaric, lequel méchamment enlevait ce trésor et le changeait de cachette, chaque fois que Cassagnol brûlait.

Depuis l’affaire de la Tête-Noire, après quelques jours d’humeur sombre, il s’était remis à l’œuvre, non pas la pioche mais le crayon à la main. Cette fois, il ne voulait marcher qu’à coup sûr. Et il s’était mis à tracer des plans sur le papier. Ce n’était pas commode, il n’avait pas l’habitude et il perdait un peu la tête, mais il voulait arriver à bien marquer les endroits déjà fouillés pour chercher ailleurs la bonne direction.

La poursuite passionnante de ces richesses, qui toujours fuyaient, ne devait pourtant pas lui faire négliger ses autres occupations. Tant que le trésor ne serait pas en sa possession, il ne fallait pas laisser les gens s’apercevoir que le joyeux troubadour d’autrefois manquait un peu de verve maintenant, dans les fêtes et réjouissances. Le pain quotidien de la famille en dépendait.

Et Cassagnol, délaissant ses préoccupations, s’en allait aujourd’hui en un gros village au sud de Carcassonne, faire danser les gens à la noce d’un riche vigneron. Deux jours de danses. On avait fait prix : un demi-écu, deux poules et rafraîchissements à discrétion. C’était bien payé, Cassagnol ne pouvait dédaigner une si gentille recette.

En arpentant les chemins rocailleux Cassagnol s’efforçait de se mettre en train et chantonnait ses plus gaillardes chansons. Tout son vaste répertoire y passait : chansons à danser,