Page:Robida - Le vingtième siècle, 1883.djvu/153

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vous apporteront, ne peuvent manquer de vous faire réussir au barreau. Ce début éclatant vous classe au premier rang des jeunes avocates…

— Mais je n’ai fait que suivre vos notes et développer les arguments préparés par vous ! ce n’est pour ainsi dire pas moi qui ai plaidé, c’est vous…

— N’importe, vous avez admirablement réussi ; ce sont vos dons naturels, l’émotion, l’attendrissement, qui ont tout fait ; il faut cultiver ces dons naturels et vous mettre sérieusement à l’étude du droit ! »

Hélène poussa un soupir et se remit à compulser des dossiers avec résignation.

De nombreuses cartes étaient arrivées chez M. Ponto pour le féliciter du succès de sa pupille. Mme Ponto voyant poindre un nouveau champion féminin, était très satisfaite ; Barbe et Barnabette embrassèrent leur cousine et voulurent essayer sa robe et sa toque. Seules toutes les trois dans le salon, elles refirent, en riant comme des folles, la plaidoirie d’Hélène ; l’infortuné Jupille, reconnu victime des mauvais procédés de sa tante, fut jugé digne de recevoir les palmes du martyre, accompagnées d’une forte indemnité.

Quant à M. Ponto, pour témoigner sa satisfaction, il résolut de donner une grande soirée en l’honneur d’Hélène.

Un beau soir, l’hôtel Ponto tout entier resplendit sous une féerique illumination ; de la base au faîte, des girandoles de lumière électrique dessinèrent des arabesques flamboyantes et lancèrent jusque sous les derniers arbres du jardin, de longues gerbes d’étincelles semblables à des queues de comète. Les fanaux de gala s’allumèrent sur les toits, pour indiquer de loin le débarcadère aux aérocabs des invités.

Dans les belles maisons modernes, les grands salons de réception sont à l’avant-dernier étage ; au dernier étage se trouvent les remises pour les aérocabs et les hélicoptères, les réservoirs d’électricité et les logements des mécaniciens. L’hôtel Ponto était aménagé d’une façon vraiment princière. Son belvédère d’arrivée s’élançait à dix mètres au-dessus des toits, porté sur des charpentes en ferronnerie artistique fermées par des vitraux de couleur. Ses remises étaient les plus belles de Paris et les mieux montées, et l’on citait au bois de Fontainebleau ses équipages comme des chefs-d’œuvre de carrosserie aérienne, ses mécaniciens comme les mieux stylés et les plus adroits des conducteurs électriciens.

Les visiteurs de l’hôtel Ponto débarquaient à couvert et descendaient