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parents et les amis des passagers se dépêchaient de les embrasser une dernière fois et regagnaient leurs véhicules.

Hélène retrouva son aérocab amarré aux bastingages de tribord ; elle s’éloigna un peu et donna ensuite l’ordre au mécanicien de louvoyer doucement au-dessus des docks pour assister au départ.

Peu à peu toute l’escadrille d’aérocabs s’était détachée des flancs du Tissandier pour se ranger à une centaine de mètres ; l’aéronef de la poste, apportant les lettres et les petits colis pour l’Amérique du Sud, s’éloignait aussi. La cloche sonnait toujours. Tous les passagers du transatlantique étaient sur le pont, accrochés aux bastingages, suspendus aux échelles, ou debout dans les petites nacelles amarrées aux palans et sur la passerelle des officiers.

La cloche s’arrêta tout à coup. Un coup de trompette électrique, strident et prolongé, déchira l’air. C’était le signal. L’énorme masse du transatlantique s’ébranla, les machines électriques venaient de donner la première secousse au propulseur. Tous les mouchoirs s’agitèrent, une acclamation prolongée partit de toutes les poitrines.

« Au revoir ! au revoir ! Bon voyage ! »

Le Tissandier monta d’un bond rapide jusqu’aux premiers nuages et vira de bord pour mettre le cap vers le Sud. On ne le vit plus que par le dessous de sa nef et bientôt il disparut dans les profondeurs de l’azur.

Hélène ne resta point parmi les flâneurs qui stationnaient au-dessus des docks pour voir partir les deux autres transatlantiques. Pressée de rentrer pour prier Mme Ponto de l’accompagner à la séance académique, elle donna le signal du départ.