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ii


Père pratique et tuteur pratique.
Une victime des Tubes. — La grande réforme de l’instruction.
Les classiques concentrés. — Le choix d’une carrière.



M. Ponto.
M. Raphaël Ponto, excellent père, avait résolu de consacrer entièrement sa soirée à ses enfants ; renonçant même à l’audition téléphonoscopique d’un acte ou deux de l’Opéra français, allemand ou italien, qu’il s’offrait quotidiennement après dîner pour faciliter la digestion, il sommeilla dans son fauteuil en faisant causer les jeunes filles.

On était tout à fait en famille. Il n’y avait là que le caissier principal de la banque, deux ou trois amis et un oncle du banquier, très antique, très ridé, très cassé et même quelque peu tombé en enfance. — « Mon oncle Casse-Noisette ! », disait en parlant de lui l’estimable banquier, en faisant allusion au nez et au menton du digne oncle que l’âge et une sympathie mutuelle portaient à se rapprocher.

Cet homme vénérable, enfoncé dans une bergère, adressait du fond de son faux-col quelques questions à ses petites-nièces sur le voyage qu’elles venaient de faire.

— Alors, mes enfants, vous êtes arrivées à Paris à quatre heures ?… et parties de Plougadec à ?…

— Oui, mon oncle, parties de Plougadec à trois heures un quart… je vous l’ai déjà dit tout à l’heure, vous savez bien…

— Vous croyez ?… trois quarts d’heure seulement pour venir du fond