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Le Vingtième Siècle.

— C’était le tramway d’il y a cent ans ! c’est inimaginable ! exclama le caissier.


plougadec-les-cormorans.

— Mon pauvre oncle, reprit Ponto, a donc été ruiné de fond en comble par la faillite des chemins de fer à la création des tubes ; il m’a raconté jadis les péripéties de l’affaire… les chemins de fer ont essayé pendant quelque temps de lutter contre les tubes, mais les avantages immenses de cette concurrence — la concurrence ! comme disait mon oncle avec des imprécations, — le bon marché des voyages, la rapidité, ont bien vite fait abandonner la vapeur ; les locomotives se sont rouillées dans l’inaction, on a vendu les rails au vieux fer et tout a été dit !… Avez-vous vu la dernière locomotive qui fonctionna entre Paris et Calais sur la ligne du Nord, en 1915 ? Elle est au musée de Cluny, la pauvre vieille, avec toutes les reliques du moyen âge ! Mon oncle va de temps en temps contempler ce vieux débris d’un autre âge et causer avec elle de la baisse épouvantable des actions survenue l’année des tubes…

— De 3,175 francs à 1 fr. 25 ! gémit l’oncle avec un accent désespéré.

— Il a été ruiné par les tubes comme son grand-père, actionnaire des