Page:Robida - Le vingtième siècle, 1883.djvu/308

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combat. Toute retraite était coupée ! Hélène, désespérée, ferma les yeux et lança son épée en avant.

Horreur ! son épée traversa quelque chose… Mme de Saint-Panachard poussa un cri et les ferraillements s’arrêtèrent. Hélène n’osait pas rouvrir les yeux, craignant d’avoir tué son adversaire.

Le parapluie sauveur.
Le parapluie sauveur.

Un ouragan de cris et de bravos avait éclaté dans la foule des spectateurs de ce drame. Enfin, Hélène, la main sur la poitrine pour comprimer les battements de son cœur, osa contempler sa victime.

Ce que l’épée d’Hélène avait perforé, ce n’était pas Mme de Saint-Panachard, c’était tout simplement un parapluie, qu’un spectateur du duel placé dans un aérocab à une vingtaine de mètres au-dessus de la plate-forme, avait laissé tomber.

L’épée d’Hélène, traversant le parapluie de part en part, avait été effleurer la poitrine de son adversaire, blindée heureusement par un fort corset. Mme de Saint-Panachard avait sur son corsage quelques gouttelettes de sang provenant non de la piqûre de son buste, mais d’une légère contusion sur le nez, occasionnée par la chute du parapluie.

Comme Hélène s’approchait de la blessée, celle-ci lui tendit noblement la main.

« L’honneur est satisfait ! dit gravement le maître d’armes.

— Et le déjeuner de réconciliation préparé, ajouta le rédacteur en chef. Et vite, dit-il tout bas au second témoin, un petit article pour le numéro, sur le duel… Inutile de parler du parapluie. »