Page:Robida - Le vingtième siècle, 1883.djvu/317

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— J’ai été interrompu… tout à l’heure… un oncle,un oncle irascible et insupportable…

— Ah ! fit Hélène, c’était la voix de monsieur votre oncle, vraiment… il nous avait semblé que c’était une voix féminine…

— Non, c’était mon oncle… ne croyez pas un mot de ce qu’il a pu vous dire… il a des absences…

— Parlez-lui alors, fit M. Ponto en poussant Montgiscard vers le téléphone, voyons, ne vous faites pas prier, ou bien vous nous feriez croire…

— Mon cher oncle, dit Montgiscard en s’efforçant de déguiser sa voix, mon cher oncle…

— Ah ! rugit le téléphone, c’est toi, Jules !… misérable, suborneur, don Juan, monstre !… Jules, mon petit Jules, tu ne m’aimes donc plus ?… j’en mourrai ! !…

— Monsieur votre oncle me paraît bien affectueux, fit M. Ponto en dissimulant une forte envie de rire. »

Montgiscard s’arracha quelques cheveux.

« Ah ! tu me trahis, poursuivit le téléphone, ah ! tu m’abandonnes !… Eh bien, tu vas voir ! je vais demander au bureau central des téléphones avec qui je suis en communication et je cours faire un esclandre… gare ! ! ! »

Montgiscard se leva précipitamment et, balbutiant quelques phrases d’excuses confuses, il s’enfuit vers l’ascenseur pour regagner l’aérocab qui l’avait amené.

« Pourvu que cette dame furieuse n’arrive pas ici, dit Hélène à son tuteur ; je ne me soucie pas d’un nouveau duel…

— Je la recevrai si elle vient… allons, voilà un mariage manqué ! »