Page:Robida - Le vingtième siècle, 1883.djvu/329

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— Mais vous m’avez dit que, cette nuit, le ministère allait faire arrêter tous les chefs de la gauche et les membres du comité central ?

— Oui ; mais, moi, chargé de la partie purement artistique et financière, je ne serai pas arrêté…

— Bon, mais les autres ? Et si le gouvernement les gardait sérieusement sous les verrous ?

— Je vous répète que vous n’entendez rien à la politique ! C’est une révolution sage que nous allons faire, une révolution de santé pour ainsi dire, prévue par la constitution pour éviter l’engorgement des vaisseaux du corps social et inventée pour infuser à des intervalles réguliers du sang plus jeune et plus généreux ! Au bout de dix ans, ma chère, les hommes politiques au pouvoir ont donné tout ce qu’ils avaient et surtout ils ont cessé de plaire. Place à une fournée nouvelle ! Place aux jeunes !

— Et si les autres résistent ?

— Nous y comptons bien qu’ils vont résister ! c’est prévu ! mais s’ils voulaient s’en aller tranquillement tout seuls, on ne le leur permettrait pas ! Il nous faut une résistance, une bonne petite résistance, juste ce qui est nécessaire pour donner du pittoresque à leur renversement, de la saveur aux événements ! Mais s’ils allaient plus loin qu’une petite résistance, ils perdraient leur pension de retraite et naturellement ils y tiennent, à leur pension de retraite… En ce moment, ces braves ministres sont en train de mettre leurs comptes au net… Ordre, régularité, c’est la devise de tous nos gouvernements… »

En ce moment, M. Ponto fut interrompu par un brusque mouvement de la foule. Tous les promeneurs se précipitaient vers un afficheur grimpé sur une échelle et en train de déployer tranquillement une immense affiche blanche.

« Dépêchez-vous donc, lui criait-on, collez plus vite que ça !… qu’est-ce que c’est ?

— Ah ! dit M. Ponto, c’est le règlement des comptes du gouvernement… voyons un peu.


république française.
Vacances décennales 1953
Gouvernement de 1943 à 1953.
ÉCONOMIES RÉALISÉES : 3,546,692,749 fr. 27 1/3.
Versés à la Banque de France.