Page:Robida - Le vingtième siècle, 1883.djvu/391

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avec sa clef, il se range d’un côté ou de l’autre et donne un tour à la serrure ; le mécanisme marche, et le président automate donne des signatures.

L’arrivée, du président du conseil interrompit les explications de M. Ponto.

« Vos instants sont précieux, mon cher président, dit M. Ponto après les politesses d’usage, je sais que tout votre temps appartient à la France et si je viens aujourd’hui vous prendre une heure de ce temps si précieux, c’est qu’il s’agit de la France.

— Ah ! ah ! dit le président du conseil, il s’agit de la France ?

— Du bonheur de la France, monsieur le président !

— Notre devoir à nous, hommes d’État en qui elle a mis sa confiance, consiste à essayer de la rendre heureuse… À l’accomplissement de ce grand devoir nous consacrons nos forces, notre intelligence, notre cœur !… et j’ose me flatter que nous réussissons assez bien… La France est heureuse !

— Bonheur relatif, monsieur le président ?

— Comment, vous seriez déjà de l’opposition ?… voyons, les vacances décennales ont été agréables ?

— Charmantes, monsieur le président ! mais ça ne peut pas durer toujours… Je vous le dis, vous n’assurez à la France qu’un bonheur relatif et passager… un petit bonheur fugitif…

— Avez-vous mieux à lui offrir ?…

— Parfaitement ! et je viens apporter au président du conseil, à l’illustre homme d’État, au grand patriote, les moyens de réaliser dans notre patrie un idéal de bonheur absolument complet, un bonheur large, délicieux, immense et définitif !

— Définitif ?

— Je donne le présent et j’assure l’avenir !

— Quels sont ces moyens ?

— Je vais vous exposer mon grand plan, la grande idée de ma vie ! C’est excessivement simple, comme tout ce qui est grand et beau… suivez-moi bien : Qu’est-ce que la France ?

— Je vais répondre comme au cours de géographie : c’est une république de l’Europe occidentale, baignée par l’Océan et la Méditerranée, bornée au nord par, etc., etc., et admirablement gouvernée par…

— Eh bien, je vais en faire une société en commandite avec tous les Français pour actionnaires ! comprenez-vous ?

— Non !