Page:Robida - Le vingtième siècle, 1883.djvu/419

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tous les jours après déjeuner, il devait prendre le tube de Paris, donner quelques heures de l’après-midi à ses grandes entreprises et à la Bourse, et revenir ensuite dîner en famille à Mancheville.

Enfin, les trente-huit toilettes de Mme Ponto et les quarante-deux costumes de Barnabette ayant été livrés par le grand couturier Mira, Mme Ponto se déclara prête à partir.

On pense bien que la famille Ponto ne devait pas s’en aller en villégiature par le tube, comme une famille de petits boutiquiers. M. Ponto avait son aéro-yacht, l’Albatros, un délicieux petit bâtiment aérien, véritable bonbonnière, meublé avec tous les raffinements de l’élégance et du confortable, et disposé pour recevoir une dizaine de personnes, outre les trois hommes de l’équipage.

Un matin donc, par un beau soleil d’août, l’aéro-yacht, ciré, frotté, peinturluré et pavoisé, arriva de la remise et vint toucher à l’embarcadère de l’hôtel Ponto. Il avait à sa remorque un deuxième aérostat de plus grande dimension, un aéro-chalet de dix-huit mètres de long sur neuf mètres de large, construit dans le style des vieilles maisons normandes, modifié, bien entendu, suivant les nécessités de la navigation aérienne, avec façade à poutrelles, balcons, large toit et une belle plate-forme chargée de fleurs à l’avant.

Les hommes des deux équipages et les domestiques de l’hôtel passèrent la matinée à charger les bagages, engins de pêche, malles ou caisses à toilette, et à les arrimer dans les chambres du grand aéro-chalet. À deux heures seulement, M. Ponto quitta son cabinet, où il venait d’avoir une dernière conférence téléphonique avec Central-Tube et avec les ingénieurs du Parc européen, auxquels le roi de Monaco, ennuyé de voir une concurrence à côté de chez lui, créait des difficultés.

La famille Ponto était déjà installée à bord de l’Albatros. Mme Ponto rangeait dans sa cabine les dossiers et les paquets de projets de loi qu’elle avait emportés pour occuper les loisirs forcés des jours de pluie, Barnabette esquissait sur la table du salon un projet de costume de bains qu’elle avait l’intention d’envoyer au couturier Mira ; Philippe était à bord de l’aéro-chalet, occupé à quelques rangements.

« Allons, dit M. Ponto en montant sur la dunette de l’Albatros, tout est paré ?

— Tout est paré, monsieur, répondit le patron, il fait une belle brise de S.-S.-E. qui ne gênera pas notre marche. Le temps est bon…