Page:Robida - Le vingtième siècle, 1883.djvu/434

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dîner de noce, pour tâcher de se remettre et de rendre le calme à son esprit. Quoi, c’était vrai… et définitif !… Elle ne rêvait pas ? Et demain on ne la reconduirait pas à l’agence matrimoniale ?… Et M. Ponto, ce terrible tuteur, devenu son beau-père, ne lui parlerait plus de position sociale à trouver, de carrière à embrasser ?

UN YACHT AÉRIEN.
UN YACHT AÉRIEN.

Et toute sa vie de jeune bachelière depuis un an lui revenait : le retour du lycée de Plougadec, son stage d’avocate au palais de Justice, son échec au Conservatoire politique, ses débuts, agrémentés de duels, dans le journalisme, sa candidature à l’Académie, ses marches et contre-marches à la suite des volontaires marseillaises pendant la dernière révolution, son entrée dans la finance et son erreur de 745,886 fr. 75, et enfin ce voyage à Londres pour tirer des griffes des mormons Philippe Ponto, son cousin seulement, alors, et aujourd’hui son mari !

Philippe était ravi. Son père avait très bien pris les choses. Avant, il se fût opposé au mariage de son fils avec tous les arguments d’un homme sérieux et pratique ; le mariage fait, il l’accepta tranquillement. D’ailleurs il avait l’esprit très occupé, le Parc européen lui donnait suffisamment de soucis, sans compter les brochures et les articles de journaux à faire écrire pour arriver à la diffusion de ses idées sur la transformation de la France en simple société financière montée par actions.

« Tu ne feras jamais rien qu’un poète ! se contenta-t-il de dire à son fils ; le directeur de l’école des hautes études commerciales et financières me l’avait bien dit !