Page:Robida - Le vingtième siècle, 1883.djvu/497

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alors que l’on n’avait plus qu’une petite journée de navigation pour entrer au port, l’île 124 s’en fut s’enferrer dans les pointes de coraux qui formaient une ceinture défensive à une charmante et pittoresque petite île couverte de cocotiers.

« Touché ! cria le capitaine, combien d’eau ?

— Soixante-quinze centimètres, répondit le matelot de bâbord.

— Nous allons sauter à l’eau pour essayer de nous dégager, dit le capitaine en retirant sa veste.

— Arrêtez ! dit Philippe, je veux visiter cette île… j’ai une idée… une grande idée ! »

Et, sans attendre personne, il sauta à l’eau, grimpa sur les brisants et trouva de l’autre côté une zone d’eau tranquille, à peine profonde de cinquante centimètres. En cinq minutes il l’eut traversée. On le vit escalader le talus de l’île et grimper sur un piton rocailleux et boisé qui semblait accuser une origine volcanique.

« Allons rejoindre Philippe, s’écria Hélène ; il y a si longtemps que nous sommes emprisonnés…

— Une promenade aquatique ! fit Barbe.

— Demi-aquatique seulement, dit le capitaine, il y a si peu d’eau. »

Deux matelots furent laissés à la garde de l’île 124, le capitaine et les deux autres matelots se mirent à l’eau et prirent les dames dans leurs bras pour leur faire passer les brisants.

Quand ils arrivèrent à l’île et qu’ils eurent escaladé le petit piton, Philippe n’y était déjà plus ; il était descendu de l’autre côté et il marchait dans la mer pour rejoindre une seconde île éloignée de six cents mètres à peine.

En vain ils l’appelèrent et lui firent signe de revenir, Philippe continua sa route avec de l’eau tantôt jusqu’aux genoux et tantôt jusqu’aux hanches.

« Il n’y a pas de danger ? demanda Hélène au capitaine.

— Aucun, madame ; à part l’étroit chenal que nous suivions avec tant de peine, il n’y a pas d’eaux profondes par ici ; il y avait une autre route plus au nord pour aller à Taïti, la route des paquebots ; mais le vent nous en a éloignés. »

Philippe était arrivé à la seconde île ; avec la lorgnette, on le vit en faire le tour et reprendre encore l’eau à la pointe extrême du rivage.

« Est-ce qu’il va encore plus loin ? » demanda Hélène.