Page:Robida - Le vingtième siècle, 1883.djvu/55

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
36
Le Vingtième Siècle.

 Les corrections sont expliquées en page de discussion

— Nous allons pincer nos deux gaillards ! » dit M. Ponto.

Hélène, prête à défaillir, s’appuya au bras de son tuteur.

« Du calme ! dit le banquier, vous allez rire, ma petite Hélène ! nous voici à la caisse, nos voleurs sont là, derrière cette porte… »

Hélène fit un pas en arrière.

« Ne craignez rien ! en attendant l’arrivée de la police, que le timbre d’alarme a prévenue en même temps que nous, nous allons examiner tranquillement ce gibier de potence. »

Et M. Ponto, malgré les efforts d’Hélène cramponnée à ses bras, ouvrit bravement la porte.

« Voici nos sacripants ! fit M. Ponto en s’appuyant à la porte, regardez-moi ces figures, ma chère enfant… hein ! quelles mines de chenapans !…

— Mais… ils dansent ! s’écria Hélène au comble de la stupéfaction.

— Parbleu ! et une fameuse polka !… Regardez-les en toute tranquillité, c’est très curieux ! Hein ? quelles contorsions ! quelles jolies grimaces ! Ils ne sont plus dangereux… »

En effet, les deux sacripants ne semblaient guère dangereux. Une lanterne sourde posée sur un bureau, des ciseaux à froid, des pinces, des trousseaux de rossignols épars sur le plancher indiquaient cependant assez leur profession, mais les possesseurs de ces instruments ne semblaient guère disposés à s’en servir. Ils dansaient, sautaient, sans suivre aucune mesure et avec des déhanchements bizarres, inusités dans la simple polka, levant une jambe, puis l’autre, et agitant les bras par brusques saccades.

« Vous ne comprenez pas ? dit Ponto.

— Non !…

— Innocente ! vous ne comprenez pas que ma maison est protégée électriquement. Le caissier, en partant, pousse certain ressort qui met la caisse en communication avec une forte batterie électrique… dès que mes sacripants ont touché à la caisse, un courant électrique passant dans toute la pièce les a frappés… et la danse a commencé… Voyez comme ils sautent sur chaque jambe… ils ne peuvent toucher le sol sans recevoir une secousse !…

— Voici la police, monsieur, » dit une voix.

Quatre sergents de ville en capote à capuchons s’avançaient, guidés par le concierge.

« Nous allons cueillir ces deux gaillards, dit un brigadier en tirant de sa poche une paire de menottes ; les deux autres qui faisaient le guet se