du Phèdre sur le Banquet n’ont pas paru probantes. Par conséquent, la thèse opposée reste entière. Il suffit à l’objet que je me propose de l’avoir établie d’une façon générale, et je ne pousserai pas plus avant cette étude chronologique. Le Phèdre est-il de 378, comme le veulent Thompson (XXXVIII, ap. Raeder 278) et Lutostawski (p. 352) ? Doit-on se borner à dire qu’il est postérieur à 380 (Raeder loc. cit., cf. 266) ? Peu importe[1]. L’essentiel, ce serait en effet, pour nous, d’avoir prouvé que les résultats de notre analyse (ch. I, § 73-74) n’étaient pas illusoires et que la théorie de l’Amour exposée dans le Phèdre est bien postérieure en effet, dans le temps, à celle du Banquet. S’il est vrai que le Phèdre soit postérieur à la République et voisin des dialogues de la dernière période, du Timée, du Sophiste, du Politique, du Philèbe, sans parler des Lois, il faut voir là une indication précieuse sur le sens qui pourra être attribué à cette forme plus récente de l’Érotique platonicienne. La théorie de l’Amour y serait élaborée principalement au point de vue de ses rapports tant avec la théorie de l’Ame et avec la théorie de la Nature, que avec la conception de la méthode philosophique et morale, en somme dans ses rapports avec l’organisation de l’Univers et avec la constitution ou la destinée de l’homme, avec l’action comme avec la pensée.
§ 105. — Il est difficile, nous le constaterons d’un bout à l’autre du chapitre suivant, de séparer la doctrine de l’Amour de la doctrine de l’Ame. Cette étroite connexité de l’une et de l’autre nous impose la nécessité de dire quelques mots des rapports chronologiques du Phédon avec le Phèdre, et, du même coup, du Phédon avec le Banquet.