§ 1. — Il n’est peut-être pas inutile de déterminer tout d’abord avec exactitude les limites de cette étude. Je m’y suis proposé seulement d’exposer la théorie platonicienne de l’Amour et de tenter d’en déterminer la signification. Mais je laisserai de côté plusieurs des questions philosophiques ou des problèmes historiques que cette étude imposerait à qui la voudrait intégrale. C’est ainsi que je me suis abstenu d’apprécier la théorie de l’Amour, aussi bien en elle-même que par rapport à l’ensemble de la philosophie de Platon. Je laisse également de côté tout ce qui concerne les origines mythiques ou philosophiques de cette théorie et son développement ultérieur, en particulier chez les néo-platoniciens. De même je ne me préoccuperai pas de rechercher quels peuvent être ses rapports avec d’autres doctrines contemporaines. Les problèmes biographiques relatifs à Socrate ou à d’autres personnages, qui figurent dans les dialogues auxquels est empruntée mon exposition, ne seront étudiés non plus que dans la mesure où cela semblera strictement indispensable, par exemple pour élucider la question chronologique. Enfin c’est encore à dessein que j’ai écarté de ce travail toute discussion sur les idées et les mœurs des Grecs relativement à l’amour, dans la société cultivée du ve siècle. Sans doute, au point de vue purement historique, il y aurait eu grand profit à examiner la plupart de ces questions. Mais ne pouvant donner à cette étude tout le développement