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LE CERCUEIL DE MIRABEAU. 249

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est fort intéressant de rappeler l’attention publique sur un autre mort illustre qui, le premier, a été jugé digne des honneurs du Panthéon (alors appelé le Nouvel édifice de Sainte-Geneviève) par le décret du 4 avril H91. C’est un fait qui résulte du procès-verbal de l’huissier chargé « de l’expulsion » en 1794 que Mirabeau est enterré à l’ancien cimetière de Clamart, entre la rue du Fer-aMoulin et le boulevard Saint-Marcel. On a déjà fait des fouilles inutiles, il y a quelques années, pour retrouver son corps, et ces recherches ont été conduites avec plus ou moins d’habileté, car Mirabeau a été’ enterré à deux pas du lieu où Pichegru reposait. Or, le cercueil de Pichegru a été retrouvé et exhumé, en présence de ses descendants. Pourquoi n’a-t-on pas été aussi heureux en ce qui touche Mirabeau ? C’est que’ l’ancien directeur de Clamart, M. Serres était mort, et M. Serres était croyait-on, le seul qui possédât le secret de la sépulture de Mirabeau. Sous Louis-Philippe et Napoléon III, on eùt été, d’ailleurs, mal venu à provoquer une exhumation de celui qui a renversé l’ancien régime, sauf à essayer un peu plus tard d’enrayer la Révolution.

Il est superflu de démontrer que le moment actuel se prête admirablement, au contraire, à la révélation d’un secret qui n’est pas mort, comme on pouvait le craindre avec ses premiers détenteurs. Le fossoyeur qui a confié à la terre le cercueil de Mirabeau s’appelait le père Leiièvro il avait transmis l’indication de la place où dormait le grand orateur à M. Serres, directeur de Clamart. Mais deux autres personnes ont eu connaissance de ce curieux renseignement. C’est d’abord le fils du fossoyeur Leiièvre qui habitait le cimetière Montparnasse (partie occupée par les morts des hôpitaux), et c’est ensuite mon ami A. Provotelle, fils d’un modeste employé de Clamart, qui est sorti de l’École normale et a été reçu le premier, je crois, à l’agrégation de grammaire. Il est aujourd’hui professeur au lycée de Rouen.

Au cours d’une conversation avec M. Provotelle, cet excellent camarade me révéla son secret, qui risquait de se perdre avec lui, et me proposa d’aller visiter Clamart, se faisant fort de m’indiquer la place où reposait Mira-