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Page:Robiquet - Histoire et Droit.djvu/267

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260 HISTOIRE.

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nait fort bien, il entra dans l’industrie et fonda au faubourg Saint-Antoine une fabrique de meubles qui ne tarda pas à être prospère. Sous Louis-Philippe, l’ancien combattant de Waterloo devint fournisseur du Mobilier de la couronne, et le roi le décora comme capitaine de la milice citoyenne. Lorsque le gouvernement de Juillet décida, en 1840, de ramener en France les restes de Napoléon, ce fut Édouard Le Marchand qu’on chargea d’exécuter le cercueil d’ébëne qui allait être envoyé sur la BellePoule à Sainte-Hélène.

Victor Hugo raconte 1 la visite qu’il fit en juillet 1840 dans les ateliers de mon grand-père, rue des Tournelles. Le passage vaut la peine d’être cité. J’avais suivi M. rue des Tournelles. Là, après m’avoir fait traverser plusieurs grandes salles encombrées, et m’avoir montré une foule immense de meubles en chêne et en acajou, chaises gothiques, secrétaires à galeries estampées, tables à pieds tors, parmi lesquels j’avais admiré une vraie vieille armoire de la renaissance, incrustée de nacre et de marbre, fort délabrée et fort charmante, l’ébéniste m’avait introduit dans un grand atelier plein d’activité, de hâte et de bruit, où une vingtaine d’ouvrière travaillaient avec je ne sais quels morceaux de bois noir entre les mains. J’avais aperçu dans un coin de l’atelier une sorte de grande boîte noire en ébéne, longue d’environ huit pieds, large de trois, garnie à ses extrémités de gros anneaux de cuivre. Je m’étais approché. C’est là précisément, m’avait dit le maître, ce que je voulais vous montrer. Cette boîte noire, c’était le cercueil de l’Empereur. Je l’avais vue alors, je la revoyais aujourd’hui. Je l’avais vue vide, creuse, toute grande ouverte. Je la revoyais pleine, habitée par un grand souvenir, à jamais fermée. Je me souviens que j’en considérai longtemps l’intérieur. 1. Choses vues, p. 44.