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LES DEUX COURONNES DE HENRI III. S9 9

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château royal de Cracovie, le comte Tenchin et Samuel Sbaroski transformèrent un tournoi en une véritable bataille. Six ou sept cadavres restèrent sur le terrain. Un castellan fut blessé mortellement, et Samuel Sbaroski reçut un coup de pistolet dans la cuisse. Henri n’était pas habitué à ces mœurs brutales. En France au moins, les gens de cour se donnaient la peine d’assassiner leurs ennemis avec plus de délicatesse on ne versait pas le sang sous les yeux du maître. Hélas ! le pauvre roi ne vivait plus à sa guise. Pendant les trois mois qui suivirent son couronnement, il eut à supporter un nombre infini de harangues et de félicitations, dans une langue qu’il ne comprenait pas. Tous les jours, il fallait donner audience à toutes les veuves, à tous les orphelins qui venaient frapper à la porte du château, avec le cadavre d’un mari, d’un père assassiné. Toute la parenté les suivait, criant justice ! Le roi était forcé de recevoir, même à table, même au lit, et d’écouter les pleurards. Les Polonais considéraient leurs princes comme des justiciers. Il n’y manquait plus que le chêne de saint Louis. En outre, le roi n’avait nullement l’exercice de l’autorité absolue. Il ne pouvait rien faire sans l’aveu d’une aristocratie jalouse et arrogante, qui observait tous ses actes. Les évangéliques ne manquaient pas une occasion de faire allusion devant lui aux horreurs de la Saint-Barthélemy. La Pologne était inondée d’estampes et de dessins reproduisant le grand massacre. Cela devenait un cauchemar. Le roi en perdait le sommeil, et Miron, son médecin, passait les nuits à lui faire la lecture.

Tous ces brillants gentilshommes qui avaient suivi Monsieur partageaient l’abattement du maître. Les