Page:Rocca de Vergalo - La Poëtique nouvelle, 1880.djvu/36

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la Poësie sans inversion cesserait d’être de la Poësie. Ce qu’il faut éviter, et fuir comme le coléra, c’est Y Inversion forcée, disgracieuse, rocailleuse.

Ne commettons donc point de fautes grossières, ni contre la Grammaire, ni contre le Bon goût, ni contre le Sens commun.

De la Rime.

Que la Rime soit riche et variée, selon la formule de la pléiade contemporaine, qui est celle de Ronsard.

Notre Prosodie n’admet pas qu’on fasse rimer sultan avec résultant, géant avec océan ; blanc avec ressemblant/tyran avec indifférent ; nuit avec ennui ; cor avec accord ; long avec talon ; sang avec puissant ; désaveu avec il veut ; hébergé avec berger ; témoin avec moins ; vert avec hiver ; toi avec toit ; pardon avec donc, etc., etc., au singulier (pas touts, bien entendu, car l’ortografe des mots toi, ^ang, il veut, donc et moins, est invariable) ; bien que le t, le d, le c, le g ou les autres lettres finales ne se prononcent absolument point à la fin du vers. Mais, pourquoi ces rimes ne sont-elles pas admises ? Parce que c’est défendu ! Et pourquoi est-ce défendu ? Parce que ! C’est stupéfiant. Cependant, on insinue que c’est pour rimer à l’œil en même temps qu’à l’oreille.

Ces sortes de rimes fourmillent pourtant dans Victor Hugo, Sainte-Beuve, Alfr. de Musset, Sully Prudhomme, Joséphin Soulary, François Coppée, Auguste Brizeux, Baudelaire, Victor de Laprade, Leconte de Lisle, Théodore de Banville, Catulle Mendès Théophile Gautier,