Le signal d’agonie immense se déploie,
Drapeau dont le fond porte une étoile de pleurs.
Amants des flots profonds, doux monarques de Malte,
Ils tombent par morceaux, majestueusement ;
Mais au moins l’Infini vous caresse un moment,
Ô Poëtes martyrs, car c’est vous que j’exalte !
Ces étranges esprits divinisent un peu
Les incrédulités où notre foi s’empêche.
Quelle fatalité dans la nuit les dépêche ?
Ils sont doux comme la femme et bons comme Dieu.
Amants des flots vengeurs, grands monarques de Malte,
Ils tombent pêle-mêle, audacieusement ;
Mais au moins l’Infini vous caresse un moment,
Ô Poëtes martyrs, car c’est vous que j’exalte !
Le Poëte choisi, riche, heureux, quel est-il ?
Camoëns meurt de faim et Corneille, son frère,
Marche pieds-nus ; Le Tasse est fou ; honte et misère !
Milton se meurt aveugle, et Dante, dans l’exil.
Amants des flots puissants, fiers fiancés de Malte,
Ils tombent sans se plaindre, impérieusement ;
Mais au moins l’Infini vous caresse un moment,
Ô Poëtes martyrs, car c’est vous que j’exalte !
Page:Rocca de Vergalo - Les Livre des Incas, 1879.djvu/22
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