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ENFANT À L’ÉCOLE


âmes une douceur enivrante, non pas pour les frapper de mort, mais pour les livrer vivantes aux tourments de l’amour.

Quand s’ouvrait cette bouche céleste, les assistants stupéfaits, ravis, en extase, laissaient passer leur âme sur leurs lèvres béantes, pour aller au-devant de la sienne. La voix humaine avec ses notes articulées a le don de soumettre les bêtes féroces et fait sentir sa puissance mêmes aux pierres, comme le témoigne l’ingénieuse fable d’Orphée et d’Amphion.

La langue de cet ange était une foudre qui abattait les cœurs ; une chaîne qui, dans la prison d’amour, tenait les âmes pour toujours captives. Sa toge d’enfant, brodée de fleurs nuancées, aux couleurs vives et brillantes, semblables aux rayons du soleil qui s’échappent des nuages chargés de pluie, éclatait comme un nouveau soleil aux yeux éblouis des hommes étonnés. Son rire modeste et charmant était un trésor de joie, un fidèle messager d’amour, un jardin de volupté. Tout respirait en lui la grâce, ce don immortel de Dieu, qu’on ne connaît pas par les sens, qu’on n’explique pas par la parole,