Page:Rochat - Réponse à l'écrit anonyme intitulé- de la formation des églises.djvu/33

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fut dans la main de Dieu, l’auteur d’un puissant réveil, qui du midi de la France s’étendit en divers pays de l’Europe, où se formèrent des Églises, séparées de l’Église romaine[1]. Ces Églises furent persécutées à outrance par l’Église de Rome, qui ne put jamais les détruire entièrement. Elles donnèrent naissance aux Églises de Bohême et de Moravie, qui subsistaient à l’époque de la réformation, et subsistent encore à présent dans d’autres lieux, sous le nom d’Église des frères de l’Unité. Joignez à cela

  1. Voici comment Milner s’exprime en parlant des chrétiens qui, au douzième siècle, se séparèrent de l’Église générale, et furent connus sous le nom de Ca-Shari, c’est-à-dire de puritains, ou sous le nom de Vaudois ou Pauvres de Lyon :

    « Telle était donc la prévoyance de la Grâce divine : elle arrachait à l’idolâtrie d’un monde chrétien de nom seulement, un peuple formé par lui, qui, célébrant ses louanges, édifiait le monde par la lumière d’une piété et d’une humiliation sincères ; un peuple tout-à-fait distinct de ses voisins par son esprit, ses manières et sa discipline sévère ; rude, il est vrai, et sans culture, et non seulement mal vu, mais condamné même par le petit nombre de gens de bien, dévoués à l’Église romaine : condamné, parce qu’il fut sans-cesse méconnu. Existe-t-il une preuve plus frappante de la vérité de la Parole divine, que dans les siècles les plus pervers, l’Église se maintiendra, et que les portes de l’enfer ne prévaudront point contre elle ?

    » Où était à l’époque dont il s’agit, » dit le même auteur, « l’Église de Christ, et dans quel état se trouvait-elle ? On n’aurait pas pu la trouver dans ce qu’on peut appeler les religions nationales. […]

    » Dans l’occident, les Cathari avaient aussi formé entr’eux des sociétés religieuses. Ces sociétés prirent un développement considérable et adoptèrent un nouveau nom, sous lequel ils étaient mieux connus et honorés, à la fin de ce siècle ; aussi méritèrent-ils par-là le courroux injuste des puissances ecclésiastiques et politiques de cette époque. Le récit des persécutions auxquelles ils furent exposés, sera l’objet de notre attention, quand nous serons arrivés à parler de l’histoire de l’Église au siècle suivant. C’est ainsi que l’Église de Christ avait dans l’occident une existence réelle, et était comme une lampe qui éclairait dans un lieu obscur ? […]

    » Qu’on se rappelle l’histoire des Cathari dans les mémoires de Bernard, et l’on verra, en la rattachant aux faits qui nous occupent, que la prophétie du Christ au sujet de son Église s’accomplit au milieu même des temps de ténèbres que nous passons en revue : « Les portes de l’enfer ne prévaudront point contre elle. »

    (Milner, pages 379, 410 et 411 du tome III.)