on connaître la confession de George Sand elle-même ?
« J’ai passé, écrit-elle à un ami, bien des
heures de ma vie à regarder pousser l’herbe, ou à
contempler la sérénité des grosses pierres au clair
de la lune. Je m’identifiais tellement au mode
d’existence de ces choses tranquilles, prétendues
inertes, que j’arrivais à participer à leur calme béatitude.
Et, de cet hébétement, sortait tout à coup
de mon cœur, un élan très enthousiaste et très passionné
pour celui, quel qu’il soit, qui a fait ces
deux grandes choses ; la vie et le repos, l’activité
et le sommeil[1] . »
Cette communion de l’esprit et des sens avec la Nature ne va pas chez elle sans une autre communion, plus rare et plus sainte, celle avec les êtres qui souffrent. Le dernier mot de son génie est l’amour. Charité, compassion, maternité profonde, maternité partout, même dans les sentiments qui semblent l’exclure, telle est en dernière analyse la source toujours jaillissante d’où sont nées tant d’œuvres si humaines, et tant d’actes plus humains encore qu’elle ensevelissait aussitôt dans un profond oubli. Sa vie abonde en traits de sœur de charité. Durant la guerre civile, que d’angoisses ! Quand vient l’expiation pour les insurgés de la Commune, elle ne voit plus dans les criminels que des victimes : a Vous avez raison ; mais je ne suis pas si forte que vous, je suis femme. J’ai comme mal à mes entrailles de femme quand le sang coule, ou
- ↑ Lettre inédite, à M. D.