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ne manqueront pas de me dire que mon ouvrage leur a paru délicieux.

— Après ?

— Les jeunes beautés ne manqueront pas de parcourir des pages qui leur retraceront leurs propres faiblesses, ou qui leur apprendront comment on succombe aux désirs de son tempérament, en ayant l’air de ne céder qu’au penchant irrésistible, à la violence d’une sentimentale ardeur.

— Ensuite ?

— Les merveilleux, pour en extraire quelques récits de bonne fortune qu’ils s’attribueront, en ayant le soin de changer quelques circonstances.

— Et de trois.

Messieurs les Lovelaces de Beaugency, Brive-la-Gaillarde, Falaise-Périgueux-Fangeaux, etc., afin de rire aux dépens d’un auteur qu’ils ont laissé bien loin, eux dont la réputation s’étend dans trois communes et au-delà.

— Et de quatre.

— Les vieux chevaliers de Paphos, pour se rappeler leur jeune temps ; les vieilles dames, pour voir si j’ai été galant avec les beautés mûres, et pour me citer en exemple dans l’occasion ; les critiques, pour me dépecer ; les ennuyeux et ennuyés pour s’endormir plus vite ; les… Courage, poursuivez, vous voilà en bon train ; quelles espérances ! quel débit ! vite, messieurs les libraires, accourez, disputez-vous un ouvrage que vous garderez peut-être.