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bien, dois-je l’avouer, quoique j’en rougisse encore, je ne l’avais pas oubliée, je venais de quitter Euphrosine ; n’importe, mon caractère m’emportait, et déjà cette légèreté fatale qui, pendant longtemps, en a fait le premier mobile, m’entraînait vers de nouvelles amours. Je heurte, le portier m’ouvre ; je m’élance et monte brusquement à la chambre de la jolie soubrette. Que faisait-elle alors ? Occupée des préparatifs de sa toilette, elle essayait une fraîche robe d’indienne, dont elle voulait faire sa parure dans le bal où elle allait passer la soirée ; ses cheveux roulés avec art, tombaient à tire-bouchons sur son visage toujours décoloré, son sein était nu ; ce fut sur ces entrefaites que je parus : — Eh ! bonjour, ma belle Fanchette, lui dis-je en sautant à son cou ; que je suis aise de te revoir !

FANCHETTE.

Ah ! monsieur Philippe, vous voilà donc ?

PHILIPPE.

Je t’assure qu’il me tardait bien de te revoir (j’en avais menti, ou ce désir n’était né que d’une heure.)

FANCHETTE.

Comme vous m’embrassez ! je croyais que depuis longtemps vous n’en aviez plus envie ?