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se rendre ou mourir ; nous préférons la mort. Auprès de nous une masure abandonnée nous offrait son enceinte, dont nous pouvions nous servir comme d’un retranchement ; nous nous y précipitâmes ; et là, nous soutînmes, avec acharnement et valeur, l’attaque d’un ennemi bien supérieur en nombre. Pendant près de quatre heures que dura ce combat inégal, tous les nôtres expiraient successivement. Nous n’étions plus que huit, et nous nous défendions encore : ma présence, mon dévouement, j’ose le dire, soutenaient le courage des Vendéens ; mais enfin ils ne voulurent point que mon trépas suivît le leur. Ils allaient arborer le drapeau de détresse, lorsque le feu des républicains cessa ; et un officier s’avançant vers nous, nous démontra l’impossibilité d’une plus longue résistance, et nous offrit la vie, si nous mettions bas les armes. Cet officier, était Hippolyte. Sa proposition fut accueillie, malgré mes larmes et mes prières, car je préférais une mort glorieuse à la douleur de tomber au pouvoir des anarchistes. Mon costume, déguisant mon sexe, ayant eu le soin de salir mon visage avec de la boue, je suivis mes compagnons d’infortune ; on nous conduisit devant l’officier général : — Rebelles, nous dit-il, je devrais vous faire passer au fil de l’épée.

— Renvoyez-nous alors au lieu où nous étions, lui dis-je avec fierté, si vous voulez