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« Au nom de la République et des pouvoirs dont je suis revêtu, je vous arrête, » dit-il, en lui touchant légèrement l’épaule avec la poignée de son épée. Puis, se tournant vers l’officier qui commandait la troupe : « Assurez-vous de ces hommes en attendant qu’ils rendent compte à la justice du crime dont ils viennent de se rendre coupable. »

Quant à moi, la surprise du premier moment avait promptement fait place à une joie et à une gratitude sans borne pour celui qui venait de m’arracher à une mort certaine. Je me jette dans ses bras en l’appelant mon sauveur.

Léopold répond avec effusion à mon étreinte, tout en me reprochant mon imprudence et en me demandant si je serai plus disposé désormais à écouter ses conseils.

« Mon imprudence ! Vos conseils ! Mais j’ai toujours religieusement écouté vos avis et je ne vois pas quel rapport… »

« Vous n’avez donc pas reçu les deux lettres que j’ai fait porter chez vous dans la journée ? »

« J’ai quitté ce matin mon hôtel et n’y suis pas retourné jusqu’ici. »

« Tout s’explique dès lors. Il est heureux que vous voyant au bal, en but aux machinations de vos ennemis, j’aie pu veiller sur vous et prendre les mesures nécessaires pour vous secourir à temps. Mais je me dois pour l’heure à un objet important qui m’occupe, il faut que je vous quitte. »