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folkloristes purs, et peut-être pour ces motifs de réserve que bon nombre d’entre eux ne s’avouent pas, je me contenterai du rôle facile de narrateur, sans chercher à reconstituer, à travers les âges et les peuples, la genèse et les parentés des récits que j’expose ci-après.

I

Ces récits ont été recueillis panni les populations à qui les fellahs d’Egypte et les nomades avoisinant le Nil donnent, avec une nuance de mépris, le nom de Barharins.^ Serrés sur l’étroite bordure que le fleuve a formée le long de ses rives, depuis Assuan jusqu’aux environs du Gebel Barkal, les Barbarins vont chercher leur vie dans des régions plus privilégiées. Ceux du nord descendent en masse dans les campagnes et les villes égyptiennes pour se faire gardiens de récoltes, veilleurs de nuit, domestiques, matelots, interprètes. Ceux du Dongola, au sud, manifestent mieux encore leur esprit assimilateur (surtout dans leur jeunesse), leur activité ; ils ont, dans tous les marchés du Soudan, des colonies commerciales puissantes, se font les courtiers et les percepteurs de l’Egypte.* Dans ce sîèclie même , des hommes de leurs tribus ont été les héros de brillantes aventures. Faut-il le rappeler, le Mahdi, qui vient d’associer dans un mouvement formidable tant de mécontents, d’avides et de fanatiques des races les plus diverses, est originaire d’une île du Dongola ; et les Anglais ont semblé croire qu’un autre barbarin, le sheikh Tombol, 1. ^Hjj barhari «barbare», pi. bei’âhra. Contrairement à Topinion de H. Bruosch, je crois que la ressemblance de barhari avec le nom de la ville de Berher et des Berberata antiques du Haut -Nil est toute fortuite. -— M. Léo Reinisch a déjà, à la suite de sa grammaire nubienne, donné un choix très intéressant de fables, d’historiettes, d’on-dit barbarins.

2. Du moins, avant la victoire des Mahdistes.