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LES ŒVVRES

car le tout de moy, à peine vous ſoucirez vous d’en pariurer vne partie. A. Ie vous iure donc par mes traicts. B. Voire mais où prenez vous des traicts ſi ce n’eſt en mon viſage ? A. Et bien ie iure par mon flambeau. B. Voſtre flambeau ne prend ſon ardeur, ny ſa clarté que du feu de mes yeux. A. Puis donc que ma puiſſance vient toute de vous, comment me craignez vous tant ? B. Et ne ſcauez vous pas biẽ Amour que de moy-meſme on prend les armes par leſquelles ie ſuis bleſſee ? Les lacqs dans leſquels ie me treuue ſouuent priſe ſont de mes propres cheueux deguiſez de telle forte par la poeſie des amans que les voyant ainſi bien ordonnez ie les veux prendre & me ſens priſe d’eux qui trahiſſent leur innocente maiſtreſſe, la rendant captiue entre voz mains. A. Pleignez vous donc ſeulemẽt de vous meſme, qui donnez à autruy le moyen de vous nuire, & non pas de moy. B. Ie n’aurois point occaſion de me plaindre ny de moy ny des autres, ſi ce n’eſtoit vous qui prenez en mon viſage ce dequoy vous frappez les hommes, leſquels demeurans atteins regardent d’où vient le coup, & me voyant enuironnee de traicts & d’attraits pareils à ceux qui les ont offencez, penſent que moy ſeule aye faict leur playe, & ſe veulent venger de moy ſeulement, pour ce faire prenant les traicts que vous leur auez tirez, ils me les reiettent les vns empennez de papier eſcrit, les autres de