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LES ŒVVRES

Dans les yeux mon pourtraict, au cueur mon aliance,
Faictes le moi connoiſtre avec plus d’aſſeurance
Sans me laiſſer conter les heures & les iours,
Et compoſer en moy mille faſcheux diſcours
Penſant & repenſant à voſtre longue abſence.
Le terme eſt ia paſſé que vous auez promis
De retourner icy viſiter voz amis,
Qui vous peut empeſcher de faire ce voyage
Sinon faute d’amour ? doncques ſ’il eſt ainſi,
Ie quitte voſtre bouche, & voſtre eſprit auſſi,
Voz yeux & voſtre cueur inconſtant & volage.

Iamais mon Sincero, ie ne prendray plaiſir
De vous aſſuiectir à des loix rigoureuſes.
Ha ! vrayement ie hay trop ces ames langoureuſes
Qui ſans cauſe d’eſpoir renforcent leur deſir.
Ie vous ſçauray bon gré ſ’il vous plaiſt de choiſir
Le temps le plus commode aux œuures ſerieuſes :
Mais ne me racontez voz plaintes amoureuſes
Sinon quand vous ſerez aux heures de loiſir.
La plus grand part du temps demeurez à l’eſtude,
Puis quand vous ſerez las de voſtre ſolitude,
De raiſonner en vous, & de penser en moy :
Allez voir le Palais, & la paume, & l’eſcrime,
Et les Dames d’honneur, de vertu, & d’eſtime,
Gardant touſiours l’amour, l’eſperance, & la foy.

Ouvrez moy Sincero, de voz penſers la porte,
Ie deſire de voir ſi l’amour de ſon traict,