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LES OEUVRES


Ainſi donc voz Dœmons commãdent en tous lieux.
Madame, & ils pourront donner grace à mõ Hymne,
Puis que de Vaudemont l’excellence diuine
Illuſtre le feu, l’air, l’eau, la terre & les Cieux.


Hymne de l’Eau à la Roine.


Sovrce qui ruiſſelant voſtre onde criſtaline
Tirez d’vn double Roc votre antique origine,
De grace excuſez moy ſi j’oſe vous chanter :
Ie crain fort en chantant de vous mal-contenter
Et d’accroiſtre ma honte au lieu de voſtre gloire :
Ie crain fort d’offencer les filles de Mémoire
Qui ne ſe plaisent pas, ains tiennent à meſpris,
Mais tout ainſi qu’on voit que la liqueur vineuſe
De ce Dieu deux fois né d’une force fumeuſe
Derobe les eſprits, les ſens, & la raiſon
A celuy qui beuvant luy ouvre ſa maiſon,
Si bien que ne ſentant que le Dieu qui le touche
Il a ſa force au cueur, & ſon nom dans la bouche.
Ayant ainſi gouſté les mielleuſes douceurs,
Nymphes, non pas de vous, mais celles de voz ſœurs,
Ie ne ſuis plus à moy, & forcée d’eſcrire,
Pleine de leurs vertus, leurs vertus ie reſpire :
Ie me laiſſe couler ſans guide au fil de l’eau
Sans avoir pour m’ayder ny rame ny bateau.
Doncques ie vous ſuplie, o belle onde ſacrée,