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LES OEUVRES

Veux tu frapper mon fils, ou mon ſein, ou mon flanc ?
De l’vn tua pris le laict, & de l’autre le ſang.


Lucrece


Le pauure Colatin voyant ſa triſte femme,
Diſoit, chere Lucrece appaiſe ta douleur,
La coulpe ne tient point à ceſte gentille ame,
Si ton corps eſt pollu tu as vn chaſte cueur.
Refuſfant ſes raisons la courageuſe Dame,
Luy diſt perdant la vie, il faut ſauuer l’honneur,
Tu m’abſous, ie me iuge à la trenchante lame,
Ne pleure point ma mort, mais pleure ton mal-heur.


Niobe.


Ie ſuis Niobe : helas ! plaignez mon aduenture.
Mon ſort eſt miſerable, & digne de pitié
Sept filles, & ſept fils me donna la nature,
I’en perdis en vn iour l’vne & l’autre moitié :
Le marbre eſt maintenant du marbre ſepulture,
Ainſi le veut du Ciel la fiere inimitié :
Ie fus Roine, & ſuis marbre, or deſſoubs ceſte terre,
Paſſant, tu n’y verras que la pierre en la pierre,