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Page:Roches - Oeuvres.djvu/179

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TRAGICOMEDIE

Pour recouvrir la vüe & neſtoier les yeux
Eſlevant leur clarté vers la clarté des cieux.

Tobie.

Mon frere mon amy, ſi vous me voulez croire
Parauant que la nuict tende ſa robe noire
Deſſus noſtre Oriſon, nous en irons loger,
Et du travail receu quelque peu ſoulager.

Azarie.

Allons i’en ſuis content, ie reconnois un homme
Iſſu de tes parens, qui Ragüel ſe nomme
Demeurant icy pres, il eſt riche de bien,
D’argent, terres, troupeaux, mais tout cela n’eſt rien
Au pris du beau threſor de ſa grande famille :
C’est d’vne belle, chaſte, & gracieuſe fille,
Vnique de ſon pere & de ſa mere auſſi :
Elle eſt de chaſcun d’eux l’agreable ſouci
Et ſera d’un mary bientoſt accompaignee,
Car ils n’ont autre eſpoir de future lignee
Qu’en elle ſeulement, il te la faut donner,
Tu la pourras d’icy auec toy emmener
Demande la au pere ? Il te prendra en grace,
Connoiſſant que tu es yſſu de meſme race,
Connoiſſant que tu es honneſte & vertueux,
Il te la donnera & ſ’en tiendra heureux.

Tobie.

Ie le voudrois fort bien, mais i’ay entendu dire
Qu’elle a eu ſept maris que l’on a veu occire
Des la premiere nuict qu’ils eſtoient retirez,
Avec elle en ſa chambre, & ſi ſont martirez
Par la force du Diable : Or moy i’ayme ma vie