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DE M. DES ROCHES.

Sire, Trayan le Bon vous egale en prudence,
Mais vous le ſurpaſſez en ſaincte pieté,
Vous auez ieune d’ans ſur le ſceptre porté
Des plus rares vertus la plus digne excellence.
Plutarque prit Traian dés ſa premiere enfance,
Le Phenix Amiot vous ba preſque alaitée,
Son nom eſt immortel pour ſa grande bonté,
Vous eſtes admirable en douceur, & clemence
Amiot plein de ſens, de prudence, & raiſon,
De vous & de Traian face comparaiſon,
Si aurez vous touſiours ſur luy cet auantage.
C’eſt qu’il a commandé un peuple gracieux,
Vous ſur un peuple armé, brave & audacieux,
Comme Traian le Bon, & Adrian le Sage.


Ô Prince aymé de Dieu quittez vous noſtre terre,
Laiſſez vous ce grand Roy voſtre frere germain,
Ores que Dieu & luy, & voſtre heureuſe main
Auez tiré la paix du ventre de la guerre ?
Auez vous tant à cœur la barbare Angleterre,
Vous qui eſtes clement, courtois doux, & humains,
Vous qui eſtes l’apuy du ſainct ſiege Romain,
De l’Egliſe de Dieu de la foy de ſainct Pierre ?
Mõſieur l’Anglois ſ’eſt veu, le meurdrier de ſes Rois,
Contempteur du vray Dieu ennemy de ſes loix,
Et fleau capital du repos de la France.
Au moins ſouvenez-vous que leur dernier ſeigneur
Par vn ſemblable nœu, dneſprouuant que mal-heur
Deteſtoit le pais le peuple, & l’alliance.