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DE M. DES ROCHES.

Il eſt certes plus beau de donner que de prendre,
Car l’vn eſt volontaire, l’autre violent,
L’on eſt prompt & fubtil l’autre tardif lent :
L’actif, & le Paſſif en eux ſe peut comprendre.
Qui reçoit le preſent ſans deſir de le rendre,
N’a iamais eu l’eſprit marqué pour excellent,
N'allez point ſous la Fable un Hiſtoire celant,
La meſme verité vous veut pour moy reprendre.
On voit des droicts diuins, des gens & de nature
Par l’Hiſtoire profane & la ſaincte eſcriture,
Que ſous le nom d’ingrat le debteur eſt compris.
Sinon que le deuoir la puiſſance ſurpaſſe
En cela ie dois trop à voſtre bonne grace,
Et à voſtre vertu digne de plus haut pris.


L’un chante les effects dont la ſage nature,
D’une prudente main diſpoſa l’vniuers,
L’autre dont l’eſprit clair cherche les Cieux ouuers
Raconte leur pouuoir leur grace, & leur peinture.
Cet autre mal inſtruit remet à l’auanture
Le mouuoir continu de tant d’Aſtres diuers,
Et le mieux auiſé veut embellir ſes vers
Des paſſages tirez de la ſaincte eſcriture.
La raiſon de chacun par ſa plume eſt deduite,
L’on cache verité dans le puys d’Heraclite,
Le plus ingenieux tache de la r’auoir.
Mais tel preſume bien d’en auoir connoiſſance
Qui ne planta iamais dedans ſa conſcience
La crainte du ſeigneur principe de ſçauoir.